Ce n'est pas facile de se mettre à la place de quelqu'un d'autre

4 erreurs qui vous empêchent de montrer une empathie saine et utile

Bet Font et Víctor Amat

Le mot empathie est de plus en plus entendu, même si la théorie est une chose et la pratique en est une autre. Exercer cette capacité sans commettre certaines erreurs est essentiel pour s'entraider.

L'empathie est généralement associée à la souffrance et au ressenti de l'autre.L'étymologie même du mot renvoie au concept grec de pathétique ou de souffrance. Cependant, on pourrait dire que certaines personnes ont beaucoup d'empathie et s'inquiètent presque constamment pour les autres, tandis que d'autres ne sont même pas capables de percevoir quand l'autre se sent vulnérable ou heureux.

La saine empathie nous permet de partager les sentiments de ceux qui nous entourent et de nous féliciter ou de pleurer avec eux; aide donc à vivre en harmonie avec l'environnement. Accompagner les autres et bien le faire contribue à améliorer la qualité des relations, ce qui se traduit par un plus grand sentiment d'épanouissement et d'estime de soi.

Erreur 1: souffrir trop pour les autres (ou plus qu'eux)

Personne ne peut vivre seul, isolé des sentiments des autres, mais attention: personne ne doit vivre éternellement immergé dans la turbulence de sa propre émotion et de celle des autres .

Dans les relations humaines, savoir partager les événements de la vie , les crises, les joies et les expériences douloureuses des autres fait partie de l'art de bien vivre, il est donc pratique d'être attentif à ce qui se passe autour de nous.

Cependant, pour de nombreuses personnes, ce type de réglage devient un lourd fardeau si une séparation n'est pas établie entre ce qui arrive aux autres et ce qui arrive à soi-même . Trop souffrir pour un enfant peut nuire à son développement; souffrir à toute heure pour un partenaire, un membre de la famille ou un ami non seulement n'aide généralement pas à résoudre les difficultés, mais cela peut nous rendre malheureux et incompétents.

Il est important de se soucier de ceux qui comptent pour nous, mais nous devons savoir distinguer quand notre capacité à partager des émotions dépasse ce qui est sain et utile.

Une bonne question lorsque nous nous rendons compte que nous sommes excessivement empathiques est: est-ce que mon inconfort aide l'autre à se sentir mieux?

Lorsque l'empathie nous envahit à cause de ce qui arrive à l'autre, nous abordons généralement la situation de différentes manières: par exemple, nous donnons la parole à la personne sans grand succès , ou nous agissons directement en prenant des actions que personne ne nous a demandé de faire.

Marina Solsona, psychothérapeute et experte en constellations familiales, dit généralement, en appliquant l'expression au sens littéral, que chaque personne porte sa propre croix.

Peut-être comprenons-nous l'empathie comme une tentative de l'arracher de leurs mains pour la jeter ou la porter nous-mêmes. Cependant, à de très rares occasions, nous sommes remerciés pour le geste, même souvent la personne est offensée par notre tentative empathique d'aider.

Erreur 3: Donner des conseils inutiles ou non sollicités

Le conseil appartient généralement à notre modèle du monde. Parfois, nous pouvons devenir tellement affligés par ce qui arrive à l'autre que nous nous précipitons pour le conseiller. Mais il ne faut pas oublier que si la personne pouvait faire immédiatement ce que nous lui disons, elle n'aurait pas ces problèmes.

Être patient avec les autres et respecter son temps , sans donner de conseils évidents ou non sollicités, est une voie royale vers l'empathie.

Nous avons tendance à avoir l'habitude de traduire ce que nous observons dans l'autre dans notre propre langue, ce qui nous amène à tirer des conclusions de ce qui se passe en fonction de nos expériences , histoires personnelles et attentes.

Mais si nous voulons vraiment faire preuve d'empathie, il n'y a rien de pire que de prétendre que les autres vivent les choses exactement comme nous et que, par conséquent, ils agissent comme nous l'entendons.

Erreur 4: ne pas se mettre à la place de l'autre

À une occasion, nous avons rendu visite à une infirmière qui avait perdu un fils nouveau-né . J'étais très déprimé. Comme elle avait déjà un garçon de quatre ans et une fille de deux ans, tout le monde a essayé de lui remonter le moral. Ils lui ont demandé comment elle allait, puis lui ont conseillé: "Vous avez deux autres enfants, alors vous devriez être heureuse et passer à autre chose."

C'est un exemple inefficace d'empathie . Si nous prêtons attention à l'autre, il est possible de réaliser que la tristesse et la colère sont des réactions naturelles dans un tel cas. En se mettant à leur place, on se rendra probablement compte qu'avoir deux enfants ne compense pas la perte du bébé décédé.

La véritable empathie née de l'idée que le malade se sent validé dans son expérience, alors je dis: "Comment pourriez-vous vous tromper? Que savent-ils?" c'était une façon d'exprimer que nous comprenions ce qui se passait. Entre les sanglots, il a dit: "Ils ne m'ont pas laissé pleurer."

Pouvoir en parler nous a permis, au fil du temps, de créer un rituel pour l'aider à passer à autre chose tout en étant capable de dire au revoir à son bébé.

Lorsque notre angoisse n'améliore pas l'état de l'autre, ou ne permet même pas à l'autre de ressentir ce qu'il ressent, c'est alors qu'il faut céder la place à une empathie utile.

Comment pratiquer une empathie saine et utile

Notre proposition n'est donc pas de cesser de nous inquiéter et d'aider ceux que nous aimons, mais d' apprendre à le faire d'une manière plus appropriée . Plus facile à dire qu'à faire, mais la première étape d'une empathie saine commence par prêter attention à ceux qui nous tiennent à cœur.

Voici quelques-unes des clés pour développer une saine empathie pour nous-mêmes et utile pour les autres:

• Mettre notre acuité sensorielle au service de notre interlocuteur peut nous aider à mieux le comprendre sans envahir son expérience.
• Observer, écouter et se laisser ressentir est le pas précédent vers un bon accompagnement; S'intéresser à l'autre , lui poser des questions et montrer son intérêt peut nous aider à nous faire une idée plus claire de ce qu'il vit.
• Si un conseil donné n'est jamais suivi, c'est un indicateur que nous ne sommes pas assez empathiques … ou peut-être que nous sommes trop empathiques. Il serait préférable d' adopter une approche «je ne sais pas» qui permet de calibrer, sans idées préconçues, ce que vit la personne.
• Si nous pouvons concentrer notre attention sans agir imprudemment ou juger, nous pouvons ouvrir la porte à une connexion de confiance qui nous conduit à une véritable empathie. Par le simple fait d'être regardée sous cet angle, la personne se sent validée sans se sentir jugée, ce qui élargit la possibilité de comprendre l'autre.
• L'empathie pourrait être définie comme l'art de faire comprendre à l'autre , même si cet art ne repose pas tant sur la compréhension que sur la capacité d'envoyer des signaux sans équivoque pour comprendre ce qui arrive à l'autre.
• La ratification de l'expérience de l'autre donne lieu à un bon accompagnement qui facilite toute action ultérieure. À différents niveaux, le message est: "Je comprends ce qui se passe et je valide ce que vous ressentez. C'est normal de ressentir cela." C'est le point crucial.
• Dans les moments de joie et de bonheur, pouvoir expérimenter la position de l'autre nous garantit d'accompagner l'expérience de manière plus riche.

C'est le sens de l'empathie: se connecter avec l'expérience de qui nous tient à cœur pour créer un champ de compréhension entre les deux qui permet à l'autre de trouver la formule pour gérer ce qui lui arrive.

Cela équivaudrait à pouvoir admirer la croix que porte l'autre personne et offrir une reconnaissance à un si lourd fardeau. Cela pourrait être un moyen efficace d'être empathique.

La base de l'empathie utile est de pouvoir regarder la personne comme une créature éprouvant une émotion ou une situation particulière et de simplement lui faire savoir qu'il est normal de ressentir cela.

Où vous situez-vous devant le problème des autres?

Dans chaque situation, il y a au moins trois positions de perception.

• Le premier se réfère à soi-même: comment perçois-je ce qui se passe, qu'en pense-je?
• La deuxième position se réfère à la façon dont l'autre vit l'expérience: à quoi ressemblerait cette situation si j'étais l'autre?
• Dans une troisième position, nous visualisons ce qui se passe à ce moment-là , nous sommes les observateurs.

Il n'est pas rare d'être ancré dans la première position et de ne considérer la réalité que de notre point de vue; C'est là qu'il peut être enrichissant de se mettre dans le second .

Dans une discussion, cela équivaudrait à pouvoir endosser le rôle de l'autre pour vivre la situation à partir de là. L'empathie est une façon émotionnellement intelligente d'utiliser ce changement de perspective.

L' affirmation , cependant, est la capacité de nous mettre en première position, c'est-à-dire de revenir à notre propre place. Une personne qui exerce le don de se mettre à la place de l'autre peut anticiper ce que l'autre ressentira et lui sera d'une grande aide dans les moments de difficulté.

Exercices pour développer l'empathie

Lorsqu'il nous est difficile de faire preuve d'empathie avec quelqu'un, une bonne façon de commencer peut être de pratiquer la proposition suivante plusieurs fois par semaine :

• À quoi ressemblerait ma vie si j'étais lui ou elle? Cet exercice ne devrait pas durer plus de quelques secondes. Par exemple, si l'un de nos enfants se mord les ongles, nous pouvons nous demander: "Qu'est-ce que ça ferait de me ronger les ongles? Qu'est-ce qui rend cela satisfaisant?"
• Si vous avez tendance à trop faire preuve d'empathie, demandez-vous: "Est-ce que cela me fait du bien? Ma souffrance atténue-t-elle la douleur de l'autre?"

Lancer ce type d'empathie créative nous rapproche des autres et offre des options pour voir les choses différemment.

Les deux pratiques ne sont pas faciles au début, mais la persévérance conduit à des améliorations en peu de temps.